Le lac KivuExtraction du gaz Valorisation du gaz Risque naturel


LE RISQUE VOLCANIQUE ET LE VOLCAN NYIRAGONGO.



Le 17 janvier 2002 une série de fractures est apparue sur le flanc sud du Nyiragongo. Une émission de lave extrêmement fluide s'est formée sous forme de coulées turbulentes par suite de la vidange du lac de lave présent dans le cratère. Le réseau de fractures s'est propagé rapidement sur les flancs du volcan jusqu'à 16 Km du cratère accompagné d'émission de lave issue de plusieurs bouches éruptives jusqu'à la limite nord de la ville de Goma (400.000 habitants), l'aéroport et jusqu'à 4 Km du lac Kivu. Les coulées ont traversé le centre de la ville et une faible quantité de lave s'est déversée dans le lac sans conséquence sur les eaux profondes fortement chargées en gaz dissous.
L'éruption a émis 25 10^6 m3 de magma sous la forme de deux coulées principales qui ont détruit 15 % de la ville de Goma. La plupart des habitants ont fuit l'avancée des coulées en traversant la frontière vers le Rwanda. L'éruption qui a détruit les habitations de 120.000 personnes et causé entre 70 et 100 victimes a été précédée par une forte activité sismique d'origine volcanique, mais aussi tectonique. Cette éruption a crée et réactivé des fractures d'orientation N-S, parallèlement a la principale faille tectonique reliée au grand rift africain. Une activité sismique en relation avec la tectonique de rift s'est maintenue depuis 2002 et a culminé le 24 octobre 2002 avec le plus important tremblement de terre depuis une vingtaine d'années (intensité 6,2, épicentre localisé 40 Km au sud de Goma).
L'éruption a été accompagnée par un phénomène de subsidence du sol dépassant 60 cm dans la région de Goma le long de l'axe du rift et dans le prolongement de la série de fissures nouvellement formées.

Une estimation adéquate du niveau de risque doit prendre en compte les éléments suivants :

1) l'éventualité où le système de fractures d'origine tectonique pourrait induire des éruptions latérales fréquentes sur le flanc sud du volcan proche des zones peuplées, sans même impliquer la présence nécessaire d'un lac de cratère,

2) la possibilité d'une future migration du magma plus loin du volcan le long des fractures récentes d'origine tectoniques ; le magma pourrait ainsi atteindre les eaux chargées en gaz dissous dans les profondeurs du lac Kivu et provoquer un dégazage cataclysmal par retournement du lac (phénomène type Nyos).


© JC Komorowski-IPGP publié en 2004 dans Komorowski et al., Acta Volcanologica, vol. 14 (1-2) (2002), 15 (1-2) (2003), pp. 27-62 (komorow@ipgp.jussieu.fr)