
L'éruption
volcanique du Nyiragongo en janvier 2002 présente un caractère unique
dans les anales de la volcanologie car elle a été provoquée
par un phénomène de fracture tectonique entre les plaques actives
du rift africain. | La récente crise volcano-tectonique
du volcan Nyiragongo (République Démocratique du Congo) qui a détruit
une partie de la ville de Goma le 17 janvier 2002 a mis en évidence un
nouveau type de risque en relation avec la présence du gaz dissous dans
les profondeurs du lac Kivu. Dans son état statique, ce lac, fortement
stratifié, est stable et inoffensif. Une perturbation importante provenant
de l'activité volcanique du Nyiragongo situé sur la rive nord du
lac pourrait provoquer une remontée des eaux profondes chargées
en gaz dissout. Ces eaux relâcheraient alors, soit sous forme d'émanations
limitées et localisées, soit sous une explosion cataclysmale concernant
une forte partie du lac, une quantité de gaz asphyxiant menaçant
la sécurité des populations avoisinantes. Il n'existe que
trois lacs au monde renfermant de fortes concentrations de gaz dissout. Les lacs
Nyos et Monoun au Cameroun ont été le lieu d'explosions gazeuses
qui ont fait 40 victimes en 1984 à Monoun et 1800 victimes en 1986 à
Nyos. Le troisième lac est le lac Kivu qui renferme mille fois plus de
gaz que le lac Nyos. |
 | Nous
avons identifié récemment l'existence d'anciens volcans situés
sur le plancher du lac, en plein dans les couches d'eau chargées en gaz
dissous. Une nouvelle éruption sub-lacustre, ou une intrusion magmatique
en profondeur, déclancherait immanquablement, par réaction en chaîne,
le dégagement d'une énorme quantité de gaz dont les conséquences
seraient probablement catastrophiques pour toute la région. Une population
de plusieurs millions d'habitants (Goma, Bukavu, Gisenyi, voire Bujumbura) vit
sous cette menace. |